Exercice physique
Le VO2 max comme prédicteur de mortalité toutes causes
J'analyse l'étude de Kyle Mandsager où on explore l'impact monstrueux que peut avoir le VO2 max sur la longévité en santé et la mortalité. À vos vélos.
par
Julien Martel
16 janvier 2024
6
min
Le VO2 max, ou la consommation maximale d'oxygène, est une mesure de la quantité maximale d'oxygène qu'un individu peut utiliser pendant un exercice intense. C'est un indicateur clé de l'endurance aérobie et de la forme cardiovasculaire d'une personne. Un VO2 max plus élevé signifie une plus grande capacité du corps à consommer de l'oxygène, ce qui est crucial pour la production d'énergie pendant l'exercice. Des études récentes ont suggéré que le VO2 max n'est pas seulement un prédicteur de la performance athlétique, mais aussi un fort prédicteur de la santé globale et de la longévité. En fait, c'est LE plus grand prédicteur de mortalité ou survie.
Méthodologie et Analyse des Données
L'étude "Association of Cardiorespiratory Fitness With Long-term Mortality Among Adults Undergoing Exercise Treadmill Testing" par Mandsager et al. (2018) fournit une analyse complète de la relation entre la forme cardiorespiratoire (CRF) et la mortalité toutes causes confondues. L'étude a inclus 122 007 patients (âge moyen de 53,4 ans, 59,2 % d'hommes) qui ont subi des tests de tapis roulant limités par les symptômes. Les patients ont été stratifiés par forme cardiorespiratoire correspondant à leur âge et leur sexe en groupes de performance : faible (<25e percentile), en dessous de la moyenne (25e-49e percentile), au-dessus de la moyenne (50e-74e percentile), élevé (75e-97,6e percentile) et élite (≥97,7e percentile).
Résultats
L'étude a révélé que la mortalité toutes causes confondues était inversement proportionnelle à la forme cardiorespiratoire et était la plus basse chez les performeurs élites. L'augmentation de la mortalité toutes causes confondues associée à une réduction de la forme cardiorespiratoire était comparable ou supérieure à des facteurs de risque cliniques traditionnels tels que la maladie coronarienne, le tabagisme et le diabète. Par exemple, le rapport de risque ajusté (HR) pour la mortalité toutes causes confondues par rapport aux performeurs faibles était de 5,04 (IC à 95 %, 4,10-6,20) pour les performeurs élites, de 1,41 (IC à 95 %, 1,34-1,49) pour les performeurs en dessous de la moyenne, et de 1,29 (IC à 95 %, 1,24-1,35) pour ceux avec une maladie coronarienne.
Il faut prendre une ou deux minutes pour apprécier cette figure. C'est certain que c'est pas surpenant que les gens ayant une excellente santé cardiovasculaire soient... plus en santé. Par contre c'est la hauteur de l'impact qui est assez incroyable.Le simple fait de passer d'un niveau faible à sous la moyenne, conférerait un effet protecteur sur la mortalité comparable à l'effect délétaire d'avoir une maladie rénale terminale... Je vous laisse réfléchir à ça.
L'étude a trouvé que l'augmentation de la mortalité toutes causes confondues associée à une réduction de la forme cardiorespiratoire était comparable ou supérieure à des facteurs de risque cliniques traditionnels tels que la maladie coronarienne, le tabagisme et le diabète. Par exemple, le HR ajusté pour la mortalité toutes causes confondues était de 1,29 (IC à 95 %, 1,24-1,35) pour ceux avec une maladie coronarienne, de 1,41 (IC à 95 %, 1,36-1,46) pour les fumeurs, et de 1,40 (IC à 95 %, 1,34-1,46) pour ceux avec le diabète. Cela suggère que la faible forme cardiorespiratoire pourrait être aussi néfaste pour la santé que ces facteurs de risque bien établis.Ce qui'il faut retenir de cette figure est que n'importe quel degré d'amélioration de sa condition physique a un impact considérable sur la santé globale.
Critique
L'étude de Mandsager et al. est une contribution significative à la compréhension de la relation entre la forme cardiorespiratoire et la mortalité toutes causes confondues. Cependant, il est important de noter que l'étude est observationnelle et rétrospective, ce qui limite la capacité d'établir une causalité.
De plus, la population de l'étude a été référée pour des tests de tapis roulant limités par les symptômes, ce qui peut introduire un biais de sélection. Malgré ces limites, l'étude fournit des preuves solides soutenant l'association inverse entre la forme cardiorespiratoire et la mortalité toutes causes confondues.
Comment mesurer son VO2 max
Le meilleur test pour mesurer le VO2 max est un test d'exercice maximal, généralement effectué sur un tapis roulant ou un vélo, dans un cadre de laboratoire. Pendant ce test, l'individu s'exerce à des intensités croissantes jusqu'à l'épuisement, tandis que sa consommation d'oxygène est mesurée directement.
Cela se fait habituellement en utilisant la calorimétrie indirecte, qui implique que la personne respire dans un masque ou un embout buccal, et une machine analyse le volume et la teneur en oxygène de l'air inhalé et exhalé.
Des tests simples pour estimer le VO2 max sans équipement
Bien que le test en laboratoire soit le plus précis, il nécessite un équipement spécialisé et du personnel formé. Il existe plusieurs tests plus simples qui peuvent être utilisés pour estimer le VO2 max sans équipement. Ceux-ci incluent (j'en ai mis quelque uns pour différents niveaux):
Test de Cooper : Ce test implique de courir aussi loin que possible en 12 minutes. La distance parcourue est ensuite utilisée pour estimer le VO2 max à l'aide d'une formule spécifique.
Test de cycle Astrand-Rhyming : Il s'agit d'un test submaximal où l'individu pédale à une charge de travail constante pendant 6 minutes, et leur fréquence cardiaque à la fin du test est utilisée pour estimer le VO2 max.
Test de marche de Rockport : Ce test implique de marcher aussi vite que possible sur un mile, puis de mesurer la fréquence cardiaque à la fin de la marche. L'âge, le poids, le sexe, le temps pour compléter la marche et la fréquence cardiaque sont utilisés dans une formule pour estimer le VO2 max.
Test de step : Cela implique de monter et descendre sur une plateforme d'une certaine hauteur à une vitesse définie pendant 3 minutes. La fréquence cardiaque est mesurée après le test et utilisée pour estimer le VO2 max.
Comment augmenter son VO2 max
C'est un sujet vaste qui nécessite un article dédié (et un sujet qui me passionne). Naturellement, on veut développer une bonne base aérobique avant tout avec de l'entraînement régulier à intensité faible à modérée autour de notre premier seuil respirtoire. Le bon vieux Zone 2 ou LT1.
Ensuite, on doit pousser la machine. Un entraînement type sera par exemple: 1. Échauffement de 15-30 minutes
2. Intervalles de 2 à 8 minutes ( le classique est 4 x 4 minutes ) avec 100% de récupération entre. Autrement dit, la même durée de l'intervalle en repos actif. Il faut que ce soit très intense, mais pas au point de ''casser'' avant la fin d'un intervalle ou de commencer en lion et finir en mouton. On veut donc produire la même puissance, ou parcourir la même distance (sur un terrain plat) à chaque intervalle. On peut effectuer ces entraînements sur un vélo dans une montée, sur notre trainer, un tapis roulant, un rameur, un air bike etc...
3. Récupération active 5-10 minutes.
Encore une fois, je donne ici un exemple. On peut varier la durée de repos, le nombre etc... On peut se bâtir une progression sur quelques semaines du type:
6x2' sur 2' repos
4x4' sur 4' repos
6x4' sur 4' repos
4x6' sur 4' repos
4'x8' sur 6' repos
Si vous faites 3 fois de l'entrainement cardiovasculaire par semaine, je ne ferais pas ce type d'entrainement plus d'une fois dans une semaine. C'est très exigeant et il faut se donner un bon 48 -72h de récupération lorsqu'on commence ce type d'entraînement avant d'augmenter le volume. Bien important aussi de valider avec votre professionnel de la santé si ce type d'exercice est sécuritaire pour vous si vous avez des facteurs de risques ou pathologies cardiovasculaires connues.
Je suggère aussi de pas s'introduire à ce type d'intervalles avec de la course à pied si vous n'êtes pas déjà expérimenté.e en course à pied. L'impact et le stress musculo-squelettique et tendineux de ce type d'intervalles va augmenter votre risque de blessures si vous n'avez pas une préparation adéquate. Essayez plutôt sur un vélo ou rameur, l'impact est moindre.
Alors, à vos vélos, rameurs, souliers de course: l'exercice physique est le médicament le plus puissant pour améliorer votre longévité en santé. L'étude de Mandsager fait bien la démonstration avec des données franchement incroyables.
À plus,
- Julien