Maladies cardiovasculaires
Impact du Lp(a) sur les maladies cardiovasculaires : de nouvelles données
Cette nouvelle étude appuie la conduite de mesurer les Lp(a) une fois chez tous les adultes afin de mieux évaluer leur risque cardiovasculaire.
par
Julien Martel
6 juin 2024
5
min
Impact du Lp(a) sur les maladies cardiovasculaires : de nouvelles données
Le lipoprotéine (a) ou Lp(a) est depuis longtemps reconnu comme un marqueur prédictif robuste des maladies coronariennes. Pour un cours 101 sur les Lp(a), vous pouvez vous référer à mon article sur le sujet.
Cependant, son interaction avec les facteurs de risque cardiovasculaires modifiables standard (SMuRFs) n'a pas été largement explorée. Une nouvelle étude intitulée Association of Lipoprotein (a) and Standard Modifiable Cardiovascular Risk Factors With Incident Myocardial Infarction: The Mass General Brigham Lp(a) Registry publiée dans le Journal of the American Heart Association, examine cette interaction.
Méthodologie
L'étude rétrospective a utilisé les données du registre Lp(a) du Mass General Brigham, comprenant 6238 patients âgés de 18 ans et plus ayant eu une mesure de Lp(a) entre 2000 et 2019. Les patients ayant une dysfonction rénale sévère, une néoplasie maligne ou une maladie cardiovasculaire athérosclérotique connue ont été exclus. Les SMuRFs inclus dans l'étude étaient le diabète, la dyslipidémie, l'hypertension et le tabagisme. Le Lp(a) élevé a été défini comme supérieur au 90e percentile (147nmol/L) et le Lp(a) bas comme inférieur au 50e percentile (30 nmol/L). Le principal résultat mesuré était la survenue d'un infarctus du myocarde (IM), fatal ou non.
Résultats
L'étude a révélé que sur une médiane de suivi de 8,8 ans, l'incidence des IM augmentait progressivement avec le nombre de SMuRFs, que le Lp(a) soit élevé ou bas. Cependant, dans tous les sous-groupes de SMuRFs, l'incidence des IM était significativement plus élevée chez les patients avec un Lp(a) élevé par rapport à ceux avec un Lp(a) bas. Après ajustement pour les facteurs confondants et le nombre de SMuRFs, le Lp(a) élevé restait significativement associé à un risque accru d'IM (ratio de risque, 2,9 [95% CI, 2,0–4,3]; P<0.001).
Incidence d’IM en fonction du nombre de SMuRFs, stratifiés par Lp(a)
Implications clinique
Dans cette étude de cohorte rétrospective, les auteurs ont évalué le risque de premier infarctus du myocarde (IM) associé à des niveaux élevés de Lp(a) par rapport aux facteurs de risque cardiovasculaires modifiables standard (SMuRFs).
Les principaux résultats montrent que :
Un Lp(a) élevé est significativement associé à un risque accru de premier IM, indépendamment de la présence ou du nombre de SMuRFs, et cette association reste hautement significative après ajustement pour les facteurs de risque
Le risque supplémentaire apporté par un Lp(a) élevé est similaire au risque d'avoir deux SMuRFs.
Ces résultats renforcent les directives européennes et canadiennes sur les dyslipidémies qui plaident pour un dépistage plus large du Lp(a). Ils suggèrent que le Lp(a) devrait être mesuré au moins une fois chez chaque adulte pour améliorer la stratification du risque et la prise de décision thérapeutique.
Même en l'absence de facteurs de risque cardiovasculaires minimaux ou inexistants, des niveaux élevés de Lp(a) peuvent être liés à un risque substantiellement accru. Il est conseillé d'évaluer également d'autres facteurs de risque non standard chez ces patients.
Conclusion
Bien qu'il n'existe actuellement aucune thérapie efficace pour réduire le Lp(a), les patients identifiés comme ayant un risque élevé devraient faire l'objet d'une gestion agressive de leurs facteurs de risque modifiables, en particulier le LDL-C. En effet, les résultats montrent que même en présence de Lp(a) élevé, le nombre de SMuRFs est fortement associé au risque, suggérant que le contrôle des facteurs de risque modifiables joue probablement un rôle important dans la réduction du risque.
A+
Julien