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Sommeil et récupération

Le manque de sommeil et la résistance à l'insuline.

Je passe en revue 2 études intéressantes sur le sujet qui démontrent à quel point un sommeil optimal est nécessaire afin de promouvoir une bonne santé métabolique.

par

Julien Martel

16 janvier 2024

7

min

Le manque de sommeil est devenu une épidémie, plus d'un tiers des adultes déclarant une durée de sommeil insuffisante. À la faculté de médecine, nous nous vantions de notre « capacité » à travailler 24 heures d'affilée, agissant comme de pseudo superhéros. Malheureusement, ce comportement malsain détruisait juste notre santé physique et mentale. Un beau bravo à nous.


Le sommeil est LA chose que j'essaie toujours d'optimiser chez mes patients avant de faire quoi que ce soit d'autre. Un mauvais sommeil entravera la mojorité les efforts que vous mettez dans l'amélioration de votre santé générale.


La perte chronique de sommeil a été constamment liée à des altérations du métabolisme du glucose et à une sensibilité à l'insuline réduite. Une analyse systématique a trouvé que la courte durée de sommeil (<7 heures/nuit), ce qui est en fait ce que la plupart des adultes que je vois dans mon cabinet dorment quand nous le suivons réellement, augmente considérablement le risque de développer une résistance à l'insuline.


Mais qu'en est-il de la privation de sommeil à court terme ? Pensez aux travailleurs de quart. Mes jours de travail aux urgences sont derrière moi, mais deux fois par mois pendant plus de 10 ans, en passant d'un horaire normal à des quarts de nuit, je restais éveillé 24 heures.


La recherche a exploré les impacts aigus de la privation de sommeil sur les paramètres de santé métabolique. Dans une étude sur de jeunes hommes en bonne santé, juste 24 heures de privation totale de sommeil étaient suffisantes pour provoquer une résistance à l'insuline transitoire et des perturbations de l'homéostasie du glucose. Notez ici : de jeunes hommes en bonne santé. Pas des personnes sédentaires d'âge moyen. L'effet observé dans cette étude est très probablement bien pire pour la plupart d'entre nous.


Les sujets de leur étude avaient ces caractéristiques :

  • Entre 18-35 ans

  • Physiquement actifs, pratiquant de l'exercice aérobique au moins 5x/semaine depuis plus de 2 ans

  • IMC normal (moyenne 24.18 kg/m^2)

  • Régime alimentaire équilibré (moyenne 2546 kcal/jour)

  • Patterns de sommeil normaux à la base (moy. 7-8 h/nuit)


Ensuite, ils ont examiné comment le HIIT pourrait atténuer cette privation de sommeil.

L'impact du HIIT sur le métabolisme chez les adultes privés de sommeil


Le protocole HIIT consistait en 6 séances sur 2 semaines, impliquant 8-12 x 60 secondes d'intervalle de cyclisme à puissance maximale entrecoupées de 75 secondes de récupération active. Après chaque condition, un test de tolérance au glucose oral, ou hyperglycémie orale provoquée. (HGOP) évaluait l'homéostasie du glucose et la dynamique de l'insuline. Les participants étaient tous soumis à 3 conditions alternatives, la baseline étant leur sommeil normal sans HIIT.


Résultats


Réponse à l'HGOP, tiré de https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5725446/


Niveau d'insuline lors de l'HGOP tiré de https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5725446/

Effets de la privation de sommeil

- Augmentation significative de la glycémie, de l'insuline et des acides gras libres pendant le HGOP

- Tolérance au glucose altérée


HIIT + Sommeil régulier

- Augmentation transitoire de la glycémie à 30 min pendant le HGOP

- Retour au niveau de base plus rapide que la condition de privation de sommeil


HIIT + Privation de sommeil

- A également entraîné des augmentations transitoires de la glycémie et de l'insuline (presque 2 fois) à 30 min

- Retour au niveau de base plus rapide que la condition de privation de sommeil


Les effets bénéfiques du HIIT étaient significatifs, en particulier pour les niveaux d'insuline. Souvent, cela est négligé lors du dépistage de la dysfonction métabolique, car le test standard de tolérance au glucose oral ne mesure que la disposition du glucose. L'hyperinsulinémie est ce que vous voulez détecter tôt et traiter.


Globalement, les données de cette étude suggèrent que le HIIT atténue la résistance à l'insuline aiguë et les perturbations métaboliques causées par la privation totale de sommeil.

Les protections métaboliques conférées par le HIIT sont probablement multifactorielles.


Les mécanismes proposés dans cette étude incluent une meilleure condition musculaire squelettique, une augmentation de la captation du glucose et une signalisation de l'insuline améliorée. Les intervalles de haute intensité peuvent également conférer des adaptations favorables dans les voies de captation du glucose indépendantes de l'insuline.


De plus, le HIIT est très efficace en termes de temps, le rendant réalisable pour les adultes contraints par le temps et aux prises avec une dette de sommeil. À la fin de tout cela, ils les ont testés dans un contre-la-montre et tous ont amélioré leur performance par rapport à leur baseline, ce qui n'est pas très surprenant puisqu'il a été démontré à maintes reprises que le HIIT est bon pour un regain de forme à court terme.


Conclusion

Cette petite étude astucieuse offre une solution pour atténuer la résistance à l'insuline aiguë causée par la privation de sommeil.

Le HIIT peut favoriser la résilience métabolique malgré l'épidémie de dette de sommeil à laquelle fait face la société moderne.

Le message à retenir ici n'est pas que c'est super si vous ne dormez pas et faites beaucoup de HIIT, car il y a toute une série d'effets délétères du mauvais sommeil que nous n'avons pas abordés ici. Le message clé est qu'une seule nuit de privation de sommeil a des effets profonds sur la résistance à l'insuline. Mais, si comme beaucoup de gens, votre travail vous met en situation de privation de sommeil quelques fois par an, alors le HIIT peut être une bonne façon d'atténuer les effets métaboliques de celle-ci.


À plus,

- Julien

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