Santé mentale et émotionnelle
#4 - Sprint #01 - Dr. Christophe Longpré-Poirier: Dépression, stress, résistance à l'insuline
Voici les meilleurs moments de mon entretien avec le Dr. Christophe Longpré-Poirier
par
Julien Martel
9 février 2024
Ci-dessous sont les notes intégrales de l'épisode complet avec Christophe.
Introduction
0:00:00 - 0:01:03
L'épisode du podcast commence par la présentation par Julien du Dr Christophe Longpré-Poirer, le premier invité officiel de l'émission. Julien exprime son enthousiasme à l'idée d'avoir Christophe dans l'émission en raison de leurs intérêts communs. Il demande à Christophe de parler un peu de son parcours et de son métier.
L'histoire de Christophe, du joueur de hockey au psychiatre
0:01:03 - 0:10:24
Christophe commence par partager son parcours de joueur de hockey à psychiatre. Il se définit comme un athlète dans l'âme, ayant pratiqué divers sports durant son enfance, le hockey étant son sport favori. Il a eu une carrière réussie dans le hockey, jouant à des niveaux élevés pendant ses années scolaires et jouant finalement pour les Remparts de Québec dans la ligue junior majeure. Cependant, il s'est rendu compte qu'il ne ferait pas carrière dans la Ligue nationale de hockey et a dû repenser son avenir.
Pendant cette période d'incertitude, Christophe a envisagé différentes carrières. Il a été attiré par le domaine de la santé mentale en raison d'expériences personnelles avec des membres de sa famille qui avaient des problèmes de santé mentale. Il a décidé de s'orienter vers la psychiatrie, considérant qu'il s'agissait d'une profession noble. Cette décision l'a amené à se concentrer intensément sur ses études, ce qui contraste fortement avec ses premières années où il n'était pas porté sur les études.
Le parcours de Christophe l'a mené à l'Université McGill, où il a étudié l'éducation physique tout en continuant à jouer au hockey. Il a également terminé son CEGEP en sciences pures pendant cette période. Après quatre ans, il a été accepté à l'école de médecine. Son parcours unique de professeur d'éducation physique, d'ancien joueur de hockey et d'aspirant psychiatre a fait de lui une figure inhabituelle de l'école de médecine.
L'intérêt de Christophe pour la psychiatrie ne s'est pas fait sans heurts. Il était gêné par la séparation entre la santé mentale et la santé physique dans le domaine de la psychiatrie. Il croyait en une approche holistique de la santé, dans laquelle la santé physique et la santé mentale sont interconnectées. C'est ce qui l'a conduit à la médecine psychosomatique, qui se concentre sur l'intersection de la santé physique et mentale.
Christophe est actuellement psychiatre à l'Institut de cardiologie de Montréal. Il termine également son doctorat, qui porte sur le lien entre les troubles métaboliques et les problèmes de santé mentale. Son objectif est de créer des programmes de santé mentale qui tiennent compte de la santé métabolique et cardiovasculaire.
Le parcours de Christophe, qui est passé de joueur de hockey à psychiatre, témoigne de sa résilience et de sa détermination. Son parcours unique et son approche de la psychiatrie apportent une perspective nouvelle au domaine, soulignant l'importance d'une approche holistique de la santé.
Santé mentale et physique et approche holistique
(0:11:15 - 0:13:21)
Christophe souligne l'importance de prendre en compte la santé mentale et physique dans une approche holistique du bien-être. Il fait remarquer que la santé mentale ne se résume pas à l'absence de maladie mentale, mais qu'elle est également synonyme de bien-être. Il explique qu'il est possible pour une personne de souffrir d'une maladie mentale tout en ayant un niveau élevé de bien-être si elle gère bien sa maladie et présente d'autres aspects positifs dans sa vie, tels que de bonnes relations interpersonnelles ou un fort sentiment de spiritualité.
Il souligne également l'importance de prendre en compte l'impact de la santé physique, de la nutrition, du sommeil et de l'activité physique sur le bien-être général. Il souligne que bien qu'il s'intéresse de près aux maladies mentales, il se concentre également sur la manière dont ces facteurs peuvent avoir un impact sur le bien-être général d'une personne.
Christophe évoque également l'importance de la prévention et de l'optimisation de la santé mentale, plutôt que de se concentrer sur le traitement de la maladie. Il note que cette approche est similaire à celle des soins primaires et de la médecine familiale, où l'accent est souvent mis sur la gestion des maladies chroniques plutôt que sur l'optimisation de la santé.
Optimisation de la santé mentale
(0:13:21 - 0:18:40)
Christophe approfondit le sujet de l'optimisation de la santé mentale. Il explique que si les psychiatres sont souvent très doués pour traiter les maladies mentales graves et ramener les patients à un état de santé neutre, ils ne sont généralement pas formés pour aider les patients à améliorer leur santé mentale au-delà de ce stade.
Il affirme que l'optimisation de la santé mentale est un aspect important de la psychiatrie et de la santé mentale qui est souvent négligé. Il s'agit d'aider les personnes qui ne souffrent pas de manière significative mais qui pensent qu'elles pourraient profiter davantage de la vie. Il note qu'il s'agit d'un domaine de la santé mentale sur lequel de nombreuses personnes sont désireuses d'en savoir plus.
Christophe aborde également l'importance de la prévention en matière de santé mentale. Il affirme que de nombreuses personnes n'ont tout simplement pas les bonnes informations sur les comportements sains qu'elles devraient adopter pour prévenir les problèmes de santé physique et mentale. Il note que dans son domaine d'intérêt, la psychiatrie métabolique, les mêmes comportements qui aident à prévenir les problèmes de santé mentale aident également à prévenir les problèmes de santé physique, tels que les maladies cardiovasculaires.
Rôle de l'activité physique et des habitudes de vie
(0:18:40 - 0:25:06)
Dans cette section, Christophe et Julien discutent de l'importance de l'activité physique et des habitudes de vie dans le maintien de la santé physique et mentale. Ils soulignent que le fait d'être sédentaire la majeure partie de la journée et de faire ensuite 30 minutes d'activité physique ne fait pas nécessairement d'une personne une personne active. Il suggère qu'il y a une différence entre un mode de vie actif tout au long de la journée et une routine d'entraînement physique standardisée. Même si vous pratiquez 30 minutes d'activité physique par jour, si vous passez le reste de la journée assis, vous ne profiterez peut-être pas de tous les avantages d'un mode de vie actif.
Julien suggère qu'il est important de trouver des moyens de bouger le plus possible tout au long de la journée. Il peut s'agir de prendre les escaliers lorsque c'est possible, de se rendre au travail à pied lorsque c'est possible, de se lever et de se déplacer au cours de la journée de travail. Il reconnaît qu'il peut être difficile de trouver des moyens d'être actif lorsqu'on a un emploi sédentaire, mais il insiste sur l'importance de faire un effort pour bouger tous les jours.
Motivation et Discipline
(0:25:06 - 0:35:21)
Dans cette section, ils discutent de l'importance de la motivation et de la discipline dans le maintien d'un mode de vie sain. Il note que si la motivation est importante, elle n'est pas toujours présente. Il y a des moments où l'on ne se sent pas motivé pour faire de l'exercice ou manger sainement, et c'est dans ces moments-là que la discipline devient cruciale. Même lorsque vous n'avez pas envie de faire quelque chose, vous le faites parce que vous en comprenez les avantages.
Christophe évoque également le défi que représente la mise en œuvre de changements de mode de vie. Il note que les gens savent souvent ce qu'ils devraient faire pour améliorer leur santé, mais qu'ils ont du mal à mettre en œuvre ces changements parce qu'ils n'en ont pas l'habitude. Il suggère qu'il est important de fixer des objectifs adaptés à l'individu et d'évaluer les changements de comportement au fil du temps.
Dans son exposé, Christophe présente les étapes du changement, un modèle souvent utilisé en psychologie et en médecine pour comprendre et faciliter le changement de comportement. Le modèle des étapes du changement de Prochaska comprend cinq étapes : la précontemplation, la contemplation, la préparation, l'action et le maintien.
1. Pré-contemplation : C'est le stade où une personne n'envisage pas encore de changer de comportement. Il peut ne pas être conscient que son comportement est problématique ou être dans le déni.
2. La contemplation : À ce stade, la personne est consciente qu'un changement de comportement pourrait être bénéfique, mais elle pèse encore le pour et le contre. Elle envisage de changer, mais ne s'est pas encore engagée à le faire.
3. La préparation : À ce stade, l'individu planifie le changement.Elle a décidé de modifier son comportement et fait des plans pour y parvenir.
4. L'action : C'est à ce stade que l'individu met activement en œuvre les changements qu'il a planifiés. Il modifie son comportement et s'efforce d'atteindre son objectif.
5. Maintien : Une fois le changement effectué, l'individu entre dans la phase de maintien.Elle s'efforce de maintenir le nouveau comportement et de prévenir les rechutes.
Christophe souligne qu'il est normal de s'attendre à des rechutes, c'est-à-dire à ce qu'une personne revienne à son ancien comportement. Cependant, l'essentiel est de reconnaître que cela fait partie du processus et de redémarrer le cycle du changement.
Syndrome métabolique et santé mentale
(0:44:48 - 0:51:37)
Christophe aborde la relation entre le syndrome métabolique et la santé mentale, en mettant en avant ses recherches dans ce domaine. Il mentionne une étude impliquant une biobanque appelée Signature Biobank à l'Institut de santé mentale de Montréal, qui suit des centaines de patients. L'étude vise à déterminer si les personnes souffrant de dépression et du syndrome métabolique sont plus susceptibles de rester déprimées sur une période d'un an.
Bien que les résultats de cette étude ne soient pas encore connus, Christophe espère confirmer que le syndrome métabolique est un facteur qui peut rendre plus difficile la guérison des personnes souffrant de dépression, notamment en raison de l'inflammation associée au syndrome métabolique. De plus en plus d'éléments viennent étayer le lien entre les troubles métaboliques et les problèmes de santé mentale, même si les mécanismes ne sont pas encore totalement élucidés. Les travaux de Christophe dans le domaine de la psychiatrie métabolique visent à approfondir ce lien.
Méditation et pleine conscience
(0:51:37 - 1:00:08)
Dans la discussion approfondie sur la méditation et la pleine conscience, Christophe souligne l'importance de la pleine conscience en tant que construction psychologique qui se développe souvent par la pratique de la méditation. Il compare la méditation à un exercice formel, semblable à un entraînement au gymnase pour développer un muscle. Dans ce cas, le "muscle" développé est la pleine conscience, une construction psychologique qui implique l'autorégulation de l'attention avec une attitude d'acceptation du moment présent.
Christophe évoque les défis que représente le maintien de l'attention dans le présent dans un monde rempli de distractions. Il suggère que si l'on n'est pas conscient de ce que l'on fait, on est essentiellement sur une forme de pilote automatique que l'on ne contrôle pas vraiment. Il explique en outre qu'il a été démontré que le développement de la pleine conscience est utile à divers égards, qu'il s'agisse de troubles psychiatriques ou de problèmes de santé en général.
Il aborde également le concept d'optimisation de la santé mentale, qu'il trouve extrêmement intéressant. Il explique qu'il est possible pour les personnes souffrant de maladies mentales d'atteindre des niveaux élevés de bien-être et de satisfaction si elles ont appris à gérer efficacement leur état. En effet, elles peuvent avoir d'autres aspects importants de leur vie qui sont positifs, comme de bonnes relations interpersonnelles ou un sens aigu de la spiritualité.
Christophe évoque également la difficulté de modifier les comportements en matière de santé, tels que l'activité physique, la nutrition, la consommation de substances et l'hygiène du sommeil. Il explique qu'il est difficile de changer ces comportements parce qu'il s'agit souvent d'habitudes profondément ancrées. Il suggère que la clé d'un changement réussi est de comprendre où en est l'individu dans sa volonté de changer, puis de l'aider à prendre conscience des avantages d'un changement de comportement.
Dans le contexte de la méditation et de la pleine conscience, il pourrait s'agir d'aider les individus à comprendre les avantages de ces pratiques pour leur santé mentale et leur bien-être, puis de les soutenir dans la mise en œuvre de ces pratiques dans leur vie quotidienne.
Activité physique et santé mentale
(1:00:08 - 1:08:05)
Dans cette section, Christophe aborde la relation entre l'activité physique et la santé mentale. Il compare le corps humain à un système qui réagit au stress, qu'il provienne de l'activité physique ou d'autres sources telles que le stress financier, familial ou professionnel. Julien souligne que si l'activité physique peut procurer un sentiment de bien-être, elle peut aussi conduire à l'épuisement si elle est trop intense ou trop fréquente, en particulier pour les personnes qui subissent déjà un stress quotidien.
Julien évoque également le concept d'hormèse, selon lequel le corps s'adapte au stress. Cependant, il prévient que le corps ne fait pas la différence entre le "bon" stress (comme l'exercice physique) et le "mauvais" stress (comme le stress lié au travail). Ces deux types de stress peuvent conduire à l'épuisement professionnel s'ils ne sont pas gérés correctement.
Christophe aborde le concept d'obsession de la santé, qui peut être à la fois bénéfique et néfaste. Par exemple, certains athlètes peuvent développer une dépendance à l'activité physique ou même des troubles alimentaires, tels que l'orthorexie, en raison de l'attention intense qu'ils portent aux comportements de santé. D'un autre côté, la population en général peut ne pas être suffisamment obsédée par certains comportements de santé.
Santé métabolique, inflammation, longévité
(1:08:05 - 1:15:22)
Dans cette section, Christophe étudie la relation entre la santé métabolique, l'inflammation et la longévité. Il évoque ses observations selon lesquelles les personnes souffrant de troubles cardiovasculaires, métaboliques et neuroendocriniens présentent souvent une inflammation accrue. À l'inverse, les personnes ayant un profil métabolique sain ont tendance à ne pas présenter d'inflammation.
Il parle également du lien entre le syndrome métabolique et l'inflammation, et de la façon dont ce lien a été négligé dans les études sur la dépression et l'inflammation. Il se demande si c'est la dépression et l'inflammation qui sont liées, ou si c'est la dépression, les troubles métaboliques et l'inflammation qui s'ensuit qui sont interconnectés.
Christophe évoque ensuite son intérêt pour la psychiatrie métabolique, qui explore le lien entre la santé métabolique et la santé mentale. Il pense que les mêmes mesures préventives pour les problèmes de santé physique, tels que les maladies cardiovasculaires, peuvent également aider à prévenir les problèmes de santé mentale.
Il aborde également le concept d'optimisation de la santé, et pas seulement la gestion des maladies. Il estime que le domaine médical ne devrait pas se concentrer uniquement sur le traitement des maladies, mais également sur l'optimisation de la santé existante afin de prévenir les maladies futures.
Charge allostatique et perspectives
(1:15:22 - End)
Dans la dernière partie du podcast, Christophe aborde le concept de charge allostatique, qui désigne le poids cumulé du stress chronique et des événements de la vie sur l'organisme. Il explique que la charge allostatique peut être mesurée par divers biomarqueurs sanguins, qui peuvent indiquer la présence d'un stress chronique chez un individu. L'idée est de créer un indice en prenant plusieurs biomarqueurs sanguins pour pouvoir dire : "J'ai une accumulation de ces biomarqueurs, donc j'ai un signe de stress chronique chez cet individu".
Les études doctorales de Christophe ont d'abord porté sur la charge allostatique, et il explique comment le concept a évolué au fil du temps. Il ne s'agit pas seulement d'un indice de stress, mais aussi de comportements liés à la santé. Il cherche à savoir si les personnes ayant une charge allostatique élevée qui suivent un traitement psychiatrique par neuromodulation au CHUM (Centre hospitalier de l'Université de Montréal), traitement destiné aux personnes souffrant de dépression réfractaire, présentent des signes permettant de prédire la trajectoire des patients. Cela fait partie d'une étude en cours, et il est impatient de voir les résultats.
La discussion sur la charge allostatique et les perspectives couvre probablement l'importance de reconnaître et de gérer le stress chronique pour prévenir les conséquences à long terme sur la santé. En comprenant la charge allostatique, les prestataires de soins de santé peuvent mieux prévoir et prévenir les effets négatifs du stress chronique sur la santé mentale et physique.
Ci-dessous sont les notes intégrales de l'épisode complet avec Christophe.
Introduction
0:00:00 - 0:01:03
L'épisode du podcast commence par la présentation par Julien du Dr Christophe Longpré-Poirer, le premier invité officiel de l'émission. Julien exprime son enthousiasme à l'idée d'avoir Christophe dans l'émission en raison de leurs intérêts communs. Il demande à Christophe de parler un peu de son parcours et de son métier.
L'histoire de Christophe, du joueur de hockey au psychiatre
0:01:03 - 0:10:24
Christophe commence par partager son parcours de joueur de hockey à psychiatre. Il se définit comme un athlète dans l'âme, ayant pratiqué divers sports durant son enfance, le hockey étant son sport favori. Il a eu une carrière réussie dans le hockey, jouant à des niveaux élevés pendant ses années scolaires et jouant finalement pour les Remparts de Québec dans la ligue junior majeure. Cependant, il s'est rendu compte qu'il ne ferait pas carrière dans la Ligue nationale de hockey et a dû repenser son avenir.
Pendant cette période d'incertitude, Christophe a envisagé différentes carrières. Il a été attiré par le domaine de la santé mentale en raison d'expériences personnelles avec des membres de sa famille qui avaient des problèmes de santé mentale. Il a décidé de s'orienter vers la psychiatrie, considérant qu'il s'agissait d'une profession noble. Cette décision l'a amené à se concentrer intensément sur ses études, ce qui contraste fortement avec ses premières années où il n'était pas porté sur les études.
Le parcours de Christophe l'a mené à l'Université McGill, où il a étudié l'éducation physique tout en continuant à jouer au hockey. Il a également terminé son CEGEP en sciences pures pendant cette période. Après quatre ans, il a été accepté à l'école de médecine. Son parcours unique de professeur d'éducation physique, d'ancien joueur de hockey et d'aspirant psychiatre a fait de lui une figure inhabituelle de l'école de médecine.
L'intérêt de Christophe pour la psychiatrie ne s'est pas fait sans heurts. Il était gêné par la séparation entre la santé mentale et la santé physique dans le domaine de la psychiatrie. Il croyait en une approche holistique de la santé, dans laquelle la santé physique et la santé mentale sont interconnectées. C'est ce qui l'a conduit à la médecine psychosomatique, qui se concentre sur l'intersection de la santé physique et mentale.
Christophe est actuellement psychiatre à l'Institut de cardiologie de Montréal. Il termine également son doctorat, qui porte sur le lien entre les troubles métaboliques et les problèmes de santé mentale. Son objectif est de créer des programmes de santé mentale qui tiennent compte de la santé métabolique et cardiovasculaire.
Le parcours de Christophe, qui est passé de joueur de hockey à psychiatre, témoigne de sa résilience et de sa détermination. Son parcours unique et son approche de la psychiatrie apportent une perspective nouvelle au domaine, soulignant l'importance d'une approche holistique de la santé.
Santé mentale et physique et approche holistique
(0:11:15 - 0:13:21)
Christophe souligne l'importance de prendre en compte la santé mentale et physique dans une approche holistique du bien-être. Il fait remarquer que la santé mentale ne se résume pas à l'absence de maladie mentale, mais qu'elle est également synonyme de bien-être. Il explique qu'il est possible pour une personne de souffrir d'une maladie mentale tout en ayant un niveau élevé de bien-être si elle gère bien sa maladie et présente d'autres aspects positifs dans sa vie, tels que de bonnes relations interpersonnelles ou un fort sentiment de spiritualité.
Il souligne également l'importance de prendre en compte l'impact de la santé physique, de la nutrition, du sommeil et de l'activité physique sur le bien-être général. Il souligne que bien qu'il s'intéresse de près aux maladies mentales, il se concentre également sur la manière dont ces facteurs peuvent avoir un impact sur le bien-être général d'une personne.
Christophe évoque également l'importance de la prévention et de l'optimisation de la santé mentale, plutôt que de se concentrer sur le traitement de la maladie. Il note que cette approche est similaire à celle des soins primaires et de la médecine familiale, où l'accent est souvent mis sur la gestion des maladies chroniques plutôt que sur l'optimisation de la santé.
Optimisation de la santé mentale
(0:13:21 - 0:18:40)
Christophe approfondit le sujet de l'optimisation de la santé mentale. Il explique que si les psychiatres sont souvent très doués pour traiter les maladies mentales graves et ramener les patients à un état de santé neutre, ils ne sont généralement pas formés pour aider les patients à améliorer leur santé mentale au-delà de ce stade.
Il affirme que l'optimisation de la santé mentale est un aspect important de la psychiatrie et de la santé mentale qui est souvent négligé. Il s'agit d'aider les personnes qui ne souffrent pas de manière significative mais qui pensent qu'elles pourraient profiter davantage de la vie. Il note qu'il s'agit d'un domaine de la santé mentale sur lequel de nombreuses personnes sont désireuses d'en savoir plus.
Christophe aborde également l'importance de la prévention en matière de santé mentale. Il affirme que de nombreuses personnes n'ont tout simplement pas les bonnes informations sur les comportements sains qu'elles devraient adopter pour prévenir les problèmes de santé physique et mentale. Il note que dans son domaine d'intérêt, la psychiatrie métabolique, les mêmes comportements qui aident à prévenir les problèmes de santé mentale aident également à prévenir les problèmes de santé physique, tels que les maladies cardiovasculaires.
Rôle de l'activité physique et des habitudes de vie
(0:18:40 - 0:25:06)
Dans cette section, Christophe et Julien discutent de l'importance de l'activité physique et des habitudes de vie dans le maintien de la santé physique et mentale. Ils soulignent que le fait d'être sédentaire la majeure partie de la journée et de faire ensuite 30 minutes d'activité physique ne fait pas nécessairement d'une personne une personne active. Il suggère qu'il y a une différence entre un mode de vie actif tout au long de la journée et une routine d'entraînement physique standardisée. Même si vous pratiquez 30 minutes d'activité physique par jour, si vous passez le reste de la journée assis, vous ne profiterez peut-être pas de tous les avantages d'un mode de vie actif.
Julien suggère qu'il est important de trouver des moyens de bouger le plus possible tout au long de la journée. Il peut s'agir de prendre les escaliers lorsque c'est possible, de se rendre au travail à pied lorsque c'est possible, de se lever et de se déplacer au cours de la journée de travail. Il reconnaît qu'il peut être difficile de trouver des moyens d'être actif lorsqu'on a un emploi sédentaire, mais il insiste sur l'importance de faire un effort pour bouger tous les jours.
Motivation et Discipline
(0:25:06 - 0:35:21)
Dans cette section, ils discutent de l'importance de la motivation et de la discipline dans le maintien d'un mode de vie sain. Il note que si la motivation est importante, elle n'est pas toujours présente. Il y a des moments où l'on ne se sent pas motivé pour faire de l'exercice ou manger sainement, et c'est dans ces moments-là que la discipline devient cruciale. Même lorsque vous n'avez pas envie de faire quelque chose, vous le faites parce que vous en comprenez les avantages.
Christophe évoque également le défi que représente la mise en œuvre de changements de mode de vie. Il note que les gens savent souvent ce qu'ils devraient faire pour améliorer leur santé, mais qu'ils ont du mal à mettre en œuvre ces changements parce qu'ils n'en ont pas l'habitude. Il suggère qu'il est important de fixer des objectifs adaptés à l'individu et d'évaluer les changements de comportement au fil du temps.
Dans son exposé, Christophe présente les étapes du changement, un modèle souvent utilisé en psychologie et en médecine pour comprendre et faciliter le changement de comportement. Le modèle des étapes du changement de Prochaska comprend cinq étapes : la précontemplation, la contemplation, la préparation, l'action et le maintien.
1. Pré-contemplation : C'est le stade où une personne n'envisage pas encore de changer de comportement. Il peut ne pas être conscient que son comportement est problématique ou être dans le déni.
2. La contemplation : À ce stade, la personne est consciente qu'un changement de comportement pourrait être bénéfique, mais elle pèse encore le pour et le contre. Elle envisage de changer, mais ne s'est pas encore engagée à le faire.
3. La préparation : À ce stade, l'individu planifie le changement.Elle a décidé de modifier son comportement et fait des plans pour y parvenir.
4. L'action : C'est à ce stade que l'individu met activement en œuvre les changements qu'il a planifiés. Il modifie son comportement et s'efforce d'atteindre son objectif.
5. Maintien : Une fois le changement effectué, l'individu entre dans la phase de maintien.Elle s'efforce de maintenir le nouveau comportement et de prévenir les rechutes.
Christophe souligne qu'il est normal de s'attendre à des rechutes, c'est-à-dire à ce qu'une personne revienne à son ancien comportement. Cependant, l'essentiel est de reconnaître que cela fait partie du processus et de redémarrer le cycle du changement.
Syndrome métabolique et santé mentale
(0:44:48 - 0:51:37)
Christophe aborde la relation entre le syndrome métabolique et la santé mentale, en mettant en avant ses recherches dans ce domaine. Il mentionne une étude impliquant une biobanque appelée Signature Biobank à l'Institut de santé mentale de Montréal, qui suit des centaines de patients. L'étude vise à déterminer si les personnes souffrant de dépression et du syndrome métabolique sont plus susceptibles de rester déprimées sur une période d'un an.
Bien que les résultats de cette étude ne soient pas encore connus, Christophe espère confirmer que le syndrome métabolique est un facteur qui peut rendre plus difficile la guérison des personnes souffrant de dépression, notamment en raison de l'inflammation associée au syndrome métabolique. De plus en plus d'éléments viennent étayer le lien entre les troubles métaboliques et les problèmes de santé mentale, même si les mécanismes ne sont pas encore totalement élucidés. Les travaux de Christophe dans le domaine de la psychiatrie métabolique visent à approfondir ce lien.
Méditation et pleine conscience
(0:51:37 - 1:00:08)
Dans la discussion approfondie sur la méditation et la pleine conscience, Christophe souligne l'importance de la pleine conscience en tant que construction psychologique qui se développe souvent par la pratique de la méditation. Il compare la méditation à un exercice formel, semblable à un entraînement au gymnase pour développer un muscle. Dans ce cas, le "muscle" développé est la pleine conscience, une construction psychologique qui implique l'autorégulation de l'attention avec une attitude d'acceptation du moment présent.
Christophe évoque les défis que représente le maintien de l'attention dans le présent dans un monde rempli de distractions. Il suggère que si l'on n'est pas conscient de ce que l'on fait, on est essentiellement sur une forme de pilote automatique que l'on ne contrôle pas vraiment. Il explique en outre qu'il a été démontré que le développement de la pleine conscience est utile à divers égards, qu'il s'agisse de troubles psychiatriques ou de problèmes de santé en général.
Il aborde également le concept d'optimisation de la santé mentale, qu'il trouve extrêmement intéressant. Il explique qu'il est possible pour les personnes souffrant de maladies mentales d'atteindre des niveaux élevés de bien-être et de satisfaction si elles ont appris à gérer efficacement leur état. En effet, elles peuvent avoir d'autres aspects importants de leur vie qui sont positifs, comme de bonnes relations interpersonnelles ou un sens aigu de la spiritualité.
Christophe évoque également la difficulté de modifier les comportements en matière de santé, tels que l'activité physique, la nutrition, la consommation de substances et l'hygiène du sommeil. Il explique qu'il est difficile de changer ces comportements parce qu'il s'agit souvent d'habitudes profondément ancrées. Il suggère que la clé d'un changement réussi est de comprendre où en est l'individu dans sa volonté de changer, puis de l'aider à prendre conscience des avantages d'un changement de comportement.
Dans le contexte de la méditation et de la pleine conscience, il pourrait s'agir d'aider les individus à comprendre les avantages de ces pratiques pour leur santé mentale et leur bien-être, puis de les soutenir dans la mise en œuvre de ces pratiques dans leur vie quotidienne.
Activité physique et santé mentale
(1:00:08 - 1:08:05)
Dans cette section, Christophe aborde la relation entre l'activité physique et la santé mentale. Il compare le corps humain à un système qui réagit au stress, qu'il provienne de l'activité physique ou d'autres sources telles que le stress financier, familial ou professionnel. Julien souligne que si l'activité physique peut procurer un sentiment de bien-être, elle peut aussi conduire à l'épuisement si elle est trop intense ou trop fréquente, en particulier pour les personnes qui subissent déjà un stress quotidien.
Julien évoque également le concept d'hormèse, selon lequel le corps s'adapte au stress. Cependant, il prévient que le corps ne fait pas la différence entre le "bon" stress (comme l'exercice physique) et le "mauvais" stress (comme le stress lié au travail). Ces deux types de stress peuvent conduire à l'épuisement professionnel s'ils ne sont pas gérés correctement.
Christophe aborde le concept d'obsession de la santé, qui peut être à la fois bénéfique et néfaste. Par exemple, certains athlètes peuvent développer une dépendance à l'activité physique ou même des troubles alimentaires, tels que l'orthorexie, en raison de l'attention intense qu'ils portent aux comportements de santé. D'un autre côté, la population en général peut ne pas être suffisamment obsédée par certains comportements de santé.
Santé métabolique, inflammation, longévité
(1:08:05 - 1:15:22)
Dans cette section, Christophe étudie la relation entre la santé métabolique, l'inflammation et la longévité. Il évoque ses observations selon lesquelles les personnes souffrant de troubles cardiovasculaires, métaboliques et neuroendocriniens présentent souvent une inflammation accrue. À l'inverse, les personnes ayant un profil métabolique sain ont tendance à ne pas présenter d'inflammation.
Il parle également du lien entre le syndrome métabolique et l'inflammation, et de la façon dont ce lien a été négligé dans les études sur la dépression et l'inflammation. Il se demande si c'est la dépression et l'inflammation qui sont liées, ou si c'est la dépression, les troubles métaboliques et l'inflammation qui s'ensuit qui sont interconnectés.
Christophe évoque ensuite son intérêt pour la psychiatrie métabolique, qui explore le lien entre la santé métabolique et la santé mentale. Il pense que les mêmes mesures préventives pour les problèmes de santé physique, tels que les maladies cardiovasculaires, peuvent également aider à prévenir les problèmes de santé mentale.
Il aborde également le concept d'optimisation de la santé, et pas seulement la gestion des maladies. Il estime que le domaine médical ne devrait pas se concentrer uniquement sur le traitement des maladies, mais également sur l'optimisation de la santé existante afin de prévenir les maladies futures.
Charge allostatique et perspectives
(1:15:22 - End)
Dans la dernière partie du podcast, Christophe aborde le concept de charge allostatique, qui désigne le poids cumulé du stress chronique et des événements de la vie sur l'organisme. Il explique que la charge allostatique peut être mesurée par divers biomarqueurs sanguins, qui peuvent indiquer la présence d'un stress chronique chez un individu. L'idée est de créer un indice en prenant plusieurs biomarqueurs sanguins pour pouvoir dire : "J'ai une accumulation de ces biomarqueurs, donc j'ai un signe de stress chronique chez cet individu".
Les études doctorales de Christophe ont d'abord porté sur la charge allostatique, et il explique comment le concept a évolué au fil du temps. Il ne s'agit pas seulement d'un indice de stress, mais aussi de comportements liés à la santé. Il cherche à savoir si les personnes ayant une charge allostatique élevée qui suivent un traitement psychiatrique par neuromodulation au CHUM (Centre hospitalier de l'Université de Montréal), traitement destiné aux personnes souffrant de dépression réfractaire, présentent des signes permettant de prédire la trajectoire des patients. Cela fait partie d'une étude en cours, et il est impatient de voir les résultats.
La discussion sur la charge allostatique et les perspectives couvre probablement l'importance de reconnaître et de gérer le stress chronique pour prévenir les conséquences à long terme sur la santé. En comprenant la charge allostatique, les prestataires de soins de santé peuvent mieux prévoir et prévenir les effets négatifs du stress chronique sur la santé mentale et physique.
Dr. Christophe Longpré Poirier
Le Dr Longpré-Poirier a fait transiter sa carrière de hockeyeur de haut niveau où il remporte la Coupe Mémorial avec les Remparts de Québec vers un baccalauréat en éducation physique à l’Université McGill obtenu en 2013. Il obtient d’autres succès sportifs puisque son équipe de hockey, les Redmen, remporte la coupe universitaire canadienne de hockey. Il entreprend ensuite ses études de médecine à l’Université de Montréal et obtient son doctorat en médecine en 2018 tout en poursuivant divers travaux de recherche en santé mentale et en s’inscrivant au tableau d’honneur de la doyenne. Il a complété en 2023 sa résidence en psychiatrie et effectue présentement un PhD où il étudie notamment l’effet de la charge allostatique sur la santé mentale.
Sa carrière de recherche au sein de diverses équipes a contribué à l’obtention de diverses bourses d’excellence, dont le Prix du gouverneur général. Ses travaux de recherche portent sur la caractérisation d’indicateurs de santé physique liés aux problèmes de santé mentale.
Le Dr Longpré-Poirier a publié de nombreux articles dans divers journaux scientifiques reconnus, en plus de présenter ses travaux dans le cadre de plusieurs conférences médicales internationales.
Son parcours d’athlète ainsi que sa formation en éducation physique, en psychiatrie et en recherche le conduisent vers une pratique de la santé mentale associée à la santé physique. Cette combinaison trouve tout son sens puisque des travaux, notamment sur les saines habitudes de vie, dont l’activité physique, seront à développer avec les chercheurs du Centre ÉPIC de l’Institut de Cardiologie de Montréal.